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11 octobre 2009 7 11 /10 /octobre /2009 23:36

Marcel et moi-même avions envie de découvrir de nouveaux massifs karstiques et notre choix s’est arrêté sur l’Albanie. Cette destination était une part de rêve à tous les deux. Dans un premier temps, nous furetons sur Google Earth à la recherche de plateaux calcaires prometteurs et nous nous enquérons sur l’historique des explorations de ce pays auprès de Marc Faverjon, correspondant pour cette partie du globe, à la Commission des Relations et des Expéditions Internationales (CREI) de la Fédération Française de Spéléologie. Nos investigations sur Internet aboutissent sur les régions montagneuses du Nord de l’Albanie, dans la région de Theth. En parallèle, Marc nous fournit les coordonnées de la fédération spéléologique d’Albanie. Les contacts pris par le réseau d’adresses e.mail nous baladent de France en Albanie et d’Albanie en Bulgarie. Grâce à l’excellent anglais que pratique Marcel, nous sommes invités à rejoindre l’équipe de spéléologues de l’expédition nationale bulgare dirigée par Alexander Yanev. Depuis six ans, il explore avec ses congénères la région du Nord de l’Albanie et leurs efforts semblent se canaliser depuis deux ans sur la grotte de Maja Arapit Cave dans la vallée de Thethi. Un réseau remontant sur plus de 200m est déjà topographié, avec un potentiel de +800m. Le rendez-vous est pris pour le lundi 03 août. Nous sommes ravis d’avoir un contact sur place, pour notre première visite dans ce pays à la réputation d’être peu ouvert au tourisme. Cela nous évite une bonne part de stress et d’imprévus et nous donne le temps de nous apprivoiser aux alpages Albanais.

Le kangoo chargé à ras les sièges de matériels spéléologique et canyon, nous partons en binôme le vendredi pour 4 semaines d’aventures qui se dérouleront en plusieurs étapes. Le temps du trajet (2015 km) : 3 jours sont nécessaires pour atteindre la vallée de Théthi où se situe le campement de nos 12 spéléologues et du professeur albanais, Ahmed Ofja. Le camp est perché à 1600m d’altitude, prisonnier entre deux couloirs d’avalanche de blocs, dans un îlot de forêt à 50m de l’entrée de la cavité Maja Arapit.

C’est un véritable palace et le bar est bien approvisionné en alcool : raki, ouzo, brandy. Ils ne leur manquaient que le pastis que nous offrons. Nous ne faisons pas franchement de la première lors de nos explorations dans cette grotte atypique et ne participons pas aux 1313m rajoutés à la topographie. Notre contribution sera d’aller chercher deux kits et de gratter un passage étroit pour découvrir 5m de boyau. Après notre départ, une deuxième équipe bulgare portera le point le plus haut à + 279m, le point le plus bas restant à – 26m. (Le compte rendu des deux expéditions est accessible sur leur blog
http://alexey.blog.bg/hobi/2009/07/07/international-caving-expedition-quot-maja-arapit-2009-quot-a.360248. Je lui avais pourtant conseillé, à Alex, de mettre de l’eau dans son pastis ! Mais notre ami le bulgare semble avoir quelques problèmes pour les sons « ka » et « ti ». Je confirme, c’est bien Katy Caullier qui est allée avec son compagnon et partenaire de PACS, Marsel Paul en Albanie, Gzoual !hic !).

 


 

Nous ne restons pas avec la deuxième équipe de Sofia et préférons tenter l’aventure en duo, sur le massif du Mt Arapit et du Mt Shtegut. Aventure qui nous réserve de longues heures de marches et de prospections, sur de magnifiques plateaux karstiques. Mais c’est un calcaire jeune, très pentu et fracturé. La glace et les éboulis issus de la gelifraction ont tendance à tout boucher. Nous topographions une poignée d’avens, certains d’une quinzaine de mètres. Malgré les infos du « papi raki » rencontré à Ducaj, le puits de 300m n’est pas trouvé, nous n’avons pas choisi la bonne vallée.


A mi-temps de nos vacances, fatigués de ces deux semaines d’activité intense en pleine nature, nous profitons des quelques jours de tourisme dans ce beau pays pour nous reposer avant de retourner en France. Comme dirait Marcel, « Bérat, Appolina, Tirana, bon ! Ça, c’est fait !» nous pouvons regagner la route pour l’Europe. Le voyage sera entrecoupé d’escales, en commençant par le Monténégro près du canyon de Nozica que nous ne descendrons pas. Force est de constater que la navette est trop longue et le dénivelé trop important. A cela, il faut rajouter la marche retour dans la rivière de Brskut sans oublier le débit de la rivière. En résumé, une journée d’enfer… que nous ne sommes pas prêts à affronter.

Notre halte de deux jours en Slovénie, pays du « Kras » qui a donné son nom à ce phénomène naturel dans  le monde entier. nous donne l’occasion de visiter deux splendides grottes aménagées. La première, Postojna jame, où nous nous laissons véhiculer en petit train pour parcourir cinq kilomètres des 32 de ce dédale souterrain. La seconde, Skocjanske jame, site classé par l’UNESCO, donne tout son sens au mot karstique par ses belles dolines et son superbe système hydrologique. Si nous avions eu plus de temps, nous aurions pu emprunter un parcours plus inusité dans ces belles rivières souterraines en prenant contact avec un guide à l’accueil. Pour une prochaine année… Enfin, quelques images sur leurs sites pour ne pas oublier… http://www.slovenia.info/ et http://www.park-skocjanske-jame.si/fra/grottes.shtml. Néanmoins, je suis quand même déçue car je n’ai pas vu de protée en milieu naturel.

La dernière étape de notre périple est dans les dolomites en Italie du Nord car nous sommes motivés pour descendre le canyon de Ciolesan pointé dans le tome 2 du «Tour de l’Europe en Canyon… » de Caracal et les Sancho Panza . La topographie peut se télécharger sur leur site Canyon www.caracal.fr, site qui donne des frissons, de froid et d’effroi. J’avoue qu’ils ont fait très forts, car dans les canyons explorés et publiés dans leur blog (rubrique vidéo), non seulement il y a l’eau pour le pastis mais il y a aussi les glaçons dans l’eau du pastis ! Mais nous restons plus modestes avec Marcel, nous évitons même le fameux étroit de Zémola au profit des jolies cascades de Ciolesan. L’eau, d’un vert émeraude, est à température idéale et au débit correct. Elle court dans un méandre de calcaire blanc très esthétique. Nous sommes comme deux enfants dans un aqualand. C’est un canyon Ma, Gni, Fique au dire de Marcel. Pour notre dernier un jour de repos avant le retour sur Toulon, nous repérons les accès à d’autres canyons pour organiser un futur camp dans les dolomites. Déjà le samedi 29 août ! Nous partons pour 900 bornes d’autoroutes. Que de voitures... A Cremona, un nuage de fumée à l’arrière de la voiture nous oblige à stopper. Un stop qui sera définitif car nous sommes rapatriés par l’assistance. Nous arrivons enfin à Toulon le dimanche soir à minuit, après un petit détour sur milan.. « Un kangoo tout neuf ! » gémit Marcel.

 



Alors, cher lecteur, auras-tu le courage de parcourir la suite de ce récit ? Je te propose en avant première du compte rendu, deux journées du journal de bord : la journée de désobstruction dans la grotte MayaMontArapit et la journée « tentative de suicide » à la cascade Grurasi (Ujvara).


Jeudi 06/08/2009              Spéléologie désobstruction grotte MayaMontArapit.

 

Il y a eu un orage cette nuit et la pluie matutinale nous permet une grasse matinée au lit. Il est midi quand nous nous levons avec le soleil. Nous sommes devant l’entrée de la cavité à 15h00 en compagnie de Tanyo et d’Ogy. Même itinéraire qu’hier sauf que nous bifurquons rapidement sur la droite, peu après le point d’eau, à hauteur de la marque V9 sur le gros bloc point topo qui mène au siphon 1 à 70m de l’orifice de la grotte. La galerie est une belle conduite phréatique qui remonte. Nous nous orientons toujours sur la droite ce qui nous évite d’aller au siphon 2. Au terminus de ce corridor, nous débouchons dans une petite salle au quart comblée par du remplissage. Le départ du petit boyau se trouve en bas, à gauche du monticule. Pelle, marteau et seau sont nécessaires pour vider le sable qui devient rapidement boue à cause d’un petit filet d’eau. Et creusent, et creusent... A tour de rôle, Tonyo, Ogy, Marcel et moi-même creusons. Rappelez-moi le nom du groupe qui chante « Ohlalalala La spéléo c’est du boulot ! »… Et creusent, et creusent… aujourd’hui, nous chantonnons allégrement « Oh la gadoue, la gadoue, la gadoue… »…Et creusent, et creusent… Faire 2015 km pour se mettre minable dans de la boue, ramper dans un boyau infâme, pelleter sans relâche, humer la bonne odeur du tabac froid dans l’humidité… Que du bonheur ! Et creusent, et creusent… Pour plaisanter, Marcel et moi nous nous remémorons cette phrase hautement philosophique qu’il nous plaisait de psalmodier aux Philippines «The river is long but the mountain is high ». Et creusent et creusent... J’ai l’occasion d’apprécier la galanterie bulgare. Ogy a terminé de désobstruer un gros paquet de graviers et semble apercevoir une galerie transversale. Il me propose de passer en premier. Je suis sensible à cette courtoisie (ce qui montre que je ne suis pas toujours invisible), m’infiltre dans cet intestin sablonneux et confirme la présence d’une galerie que 5m de long. Seulement l’accès n’est pas encore possible et par bienséance j’entreprends d’agrandir le passage au gabarit de Tonyo. Une fois fini ce travail, je propose à Tonyo de nous informer de la suite. Ravi, il rampe difficilement dans le boyau pour réclamer au final la pelle et le seau… De grands enfants ces spéléos !! 1m90 et sûrement 95kg… Et creusent, et creusent… C’est à tour de rôle que nous dodinons dans les 5 mètres de première de la galerie en constatant qu’il faudrait encore une bonne journée de travail pour franchir l’étroiture qui nous permettrait de continuer la galerie. Mais les trois heures de travaux forcés nous démotivent et ne faut-il pas en garder pour la prochaine équipe du deuxième camp bulgare ? Et nous ressortons contents comme des sangliers qui se sont roulés dans leur bauge. La boue colle par paquets et forme des écailles sur nos combinaisons. Nous remontons avec des bidons d’eau pour le bivouac. Notre état ne nous autorise pas à échapper au brin de toilette. L’équipe de ce matin n’est pas encore revenue et c’est sans eux que nous dînons. De même que deux petits rongeurs attendent l’heure du digestif pour faire un saut dans le garde manger. Et nos spéléos bulgares arrivent à l’heure du raki. Ils ont fait une quarantaine de dénivelé sur cordes avant de rejoindre le méandre déjà topographié. Les explorations pour le premier camp bulgare de cette année se terminent là. Mais leurs compatriotes n’ont pas dit leur dernier mot car une autre équipe arrive la semaine prochaine. Agréable soirée au clair de lune… Que croyiez-vous que fasse un spéléo quand il rencontre un autre spéléo ? Ils se racontent des histoires de spéléo mais comme nous sommes dans les temps modernes, nous avons remplacé le feu par un ordinateur, et nous sommes tous là, au fin fond de la vallée de Théthi, à regarder et à rêver sur des images de spéléologie, d’exploration dans une cavité des montagnes d'Abkhazie où notre ami Théodore Kisimov y a séjourné 24 jours. Bel exploit et belle aventure souterraine. Quand je pense que les quelques marches pour atteindre la tente me fatigue, je n’ose imaginé 24 jours de bivouac souterrain, en période hivernale, à 2400m d’altitude et 1500 m de nivelé et 99 kits à remonter… sauf en fantasme, confortablement enfouie dans mon duvet.

 


Jeudi 13/08/2009              Journée ‘tentative de suicide’ à la cascade Grurasi (Ujvara)

 

Après le rituel du petit déjeuner, la matinée se déroule paisible, occupés par la préparation du matos canyon car aujourd’hui, nous avons l’intention de descendre la cascade (à trois kilomètres en dessous du village) où nous avions pris la douche au retour du camp-1 avec nos amis spéléos Bulgares. Nous avons de quoi équiper le canyon : une corde de 50 m, une corde de 25 m, plus des amarrages et deux pochettes à spits… Que du lourd. Nous partons à pieds de Théthi et nous cheminons le long du tracé rouge qui contourne la tour. Environ 1h15 de marche pour arriver au seuil de la cascade. Nous nous orientons sur la gauche. Sur le premier décroché, nous tentons d’atteindre le sommet de la chute par une fracture que nous n’arrivons pas à franchir, même par l’escalade sur la droite. Il y a un pas technique et nous ne sommes pas prêts à accepter la chute… C’est haut, les blocs restent dans la main, le point est à hauteur des pieds, la falaise est à 2000km du Revest, bref,…  Désappointés, nous reprenons nos affaires et nous remontons dans le haut du vallon pour trouver un accès moins engagé. L’endroit est très joli mais toujours pas de trouée. Comme Marcel semble très en colère de son refus de l’obstacle (les yeux sombres, silencieux, torturé par l’échec), je lui soumets l’option d’une deuxième tentative du pas d’escalade. « Il doit passer… Il va passer… Ce sera bon pour son moral. Et puis, nous n’avons que cela à faire » me dis-je. Nous sommes en bas de l’escalade, nous nous équipons, nous sommes prêts et le moral de Marcel semble au beau fixe, il est dans l’action. Passera ? Passera-pas ? Marcel part… Arrivé devant l’obstacle… Il réfléchit, observe, bidouille un coinceur en dynema, l’enfile dans une fissure, le point est au-dessus de son nez, il s’engage… Ouf ! Il est passé, il franchit l’obstacle, confie sa vie à un petit « bananier » et dans son élan, il monte, se hisse même à l’aide de racines, plutôt gentilles mais chétives. Au palier, Marcel se rend compte qu’il ne peut continuer : la roche est vraiment en équilibre précaire, friable et c’est toujours en dévers. Il décide de redescendre… Mais comment ? « Je vais mourir !!!... Comment je fais pour redescendre ?» Ironise-t-il d’une voix inquiète. « Reste zen, tout va bien se passer, tu redescends comme tu es monté » lui répond-je d’une voix sereine. Il rumine, la voix toujours inquiète avec un soupçon de colère et je sens bien que dans son fort intérieur, il peste contre moi… Ce n’est pas facile d’être un héros !… Finalement, petit à petit, il désescalade et toujours en confiance sur son bananier, il glisse en rappel jusqu’à moi. « Que ne ferait-il pas pour séduire « sa blonde » » dit-il avec un accent canadien. Ses yeux brillent, son regard a changé, il est heureux. « Mon héros du jour ! » je lui souris malicieusement... Mais la cascade ne se fera pas aujourd’hui. Nous prendrons juste un bain de pieds dans la vasque, l’eau est gelée. Nous retournons au camp heureux d’être indemnes. Soirée tranquille devant une bière bien fraiche… Elle n’est pas belle la vie !

 


……

Chaque aventure commence par un rêve…. Pour nous, c’était l’Albanie. Nous avions placé la barre assez haut pour la petite équipe que nous étions. Nous briguions les 300m de profondeurs, des avens à ne plus compter, des descentes de cascades à n’en plus finir… Bref, nous sommes partis pleins d’espoir et de rêves, le kangoo à ras les sièges… Et nous sommes revenus plein de rêves (le -300m existerait – j’aime bien le conditionnel)….et sans le Kangoo. Avec une part d’inconnu de nous-mêmes en moins, de belles images de montagnes calcaires, le souvenir de jolis sourires et une porte ouverte pour de nouvelles aventures…

 

Bravo Cher lecteur! Tu as réussi à lire ma bafouille sans te contenter de regarder les photos ! « Bel effort » comme dirait Lolo. Et toi ! C’est quoi ton rêve ? En attendant de le lire, je lève un verre de raki à ta santé. Gzoual !


K@tee & M@rcel

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