Avril approche. Jean-claude doit se préparer pour le stage initiateur. Ce samedi, le soleil, qui a du mal à se lever, réchauffe timidement le calcaire des falaises du Revest. La bouche du Ragas bée sur les profondeurs du massif de Siou-blanc où résonnent silencieusement les masses d’eaux qui se sont abattues récemment sur le massif. Il nous a fallut à peine quelques minutes pour passer de la vie trépidante du centre ville au calme des sous-bois. Nous poussons la lourde grille qui défend l’accès au porche et nous posons nos sacs. Nous déballons rapidement notre équipement : Baudriers, casques, matériel mécanique, cordes et échelles. Le grand duc qui niche dans un recoin du puits hulule :
HuHuHu ! Ho ! Les gars ! Moins de bruit ! Je viens de me coucher Moi ! nous dit-il dans sa langue. Huhuhu !
L’objectif du jour est de réviser les techniques de réchappe, de moufflage et de manœuvre d’échelle. La fraîcheur persistante et l’humidité pénétrante nous incitent à nous équiper rapidement. Jean-claude est prêt à s’élancer. Je lui confisque son descendeur.
- Pas de chance ! Tu vas devoir improviser !
Sans même un regard sur le « Petit Marbach illustré », Jean-claude exécute un magnifique nœud italien et débute la descente.
En tenant la corde verticalement à hauteur du visage, on évite de vriller la corde ! Lui crie-je, lisant la page 268 du manuel.
Je le rejoins au bas du puits (sur nœud italien, par solidarité) et lui confisque également son croll.
Tu te rappelles du nœud en cœur ?
Non !
Moi non plus ! Un nœud italien fera l’affaire.
Et le voilà parti. C’est bien plus fatiguant que lors de la descente. C’est même vraiment la galère ! Arrivé au fractionnement, on décide d’arrêter et de faire plutôt un nœud « Machard » en remplacement de la poignée. C’est beaucoup plus facile et certainement exploitable aussi en remplacement du croll.
Une douce voix tintinnabule sous le porche quelques mètres au dessus de nous. Cathy vient d’arriver avec le ravitaillement.
Nous nous installons au soleil sur le coté de l’entrée et dégustons un jus d’anis frais et quelques cacahuètes avant de nous attaquer à un magnifique poulet encore tout chaud qui ne résiste pas longtemps à nos assauts carnassiers. Mmmmmmmmm !
Mais le temps passe et pas question de faire la sieste : Le devoir nous attend !
Pendant que Jean-claude refait une descente dans le Ragas pour tester le nœud en cœur, j’installe une corde sous le pont qui enjambe le ruisseau en aval du porche.
C’est idéal pour se faire quelques décrochages. Nous enchaînons plusieurs techniques (Pédale crollée, Croll à croll) en suivant le manuel. Les bases sont acquises, mais la pratique est nécessaire pour acquérir les automatismes qu’exige l’urgence de ce type de manœuvre – Et je parle pour moi aussi.
Nous faisons une courte pause en jouant à faire passer un nœud dans un palan et, pour nous finir, nous replongeons dans le puits après y avoir accroché un train d’échelle. Nous remontons en auto-assurance en comparant les types de positionnement du bloqueur (en bout de longe et fixé à la ceinture à l’aide d’un élastique de botte ou sur l’épaule en bout de longe longue)
16h30. Nous plions nos gaules et l’échelle et rentrons vers nos chaumières où nous attendent nos pénélopes.